Le métier d’animatrice de tel rose est sujet à de nombreuses idées reçues. Les hôtesses de téléphone rose sont souvent considérées comme des prostituées. Qu’en est-il des protagonistes elles-mêmes ? Si vous avez envie de découvrir le téléphone coquin du point de vue d’une professionnelle du métier. Vous êtes assurément en train de lire le bon article. Voici l’interview de Chloé, une hôtesse soft qui a des révélations à faire.
Parlez-nous brièvement de vous
Salut à tous, mais surtout à toutes… Je suis Chloé, animatrice de téléphone rose depuis l’âge de 20 ans. J’ai déjà arrêté de faire ce travail. Je vis aujourd’hui, heureuse, avec ma famille dont je m’occupe désormais pleinement. Lorsque j’ai postulé pour un emploi d’hôtesse de tel rose à domicile, j’étais vraiment dans la mouise. Une mouise épaisse, et persistante.
J’étais à l’université, et j’avais vraiment de la peine à joindre les deux bouts. On aurait dit que les bouts étaient à des kilomètres l’un de l’autre. J’avais loué un petit studio, je ne vivais donc pas aux côtés des parents. J’avais un loyer à payer, l’électricité, l’eau… Il me fallait me nourrir. Oh, j’en ai encore des frissons.
J’étais fauchée, il y avait lieu de le dire. Excédée, je demandais, parfois, de l’argent aux parents.
Mais ce regard suffisant de : « Tu vois que tu n’es pas prête à vivre loin de nous. » me contrariait au plus haut point. J’avais réussi à arracher ma liberté, mais pour ce qui est de la liberté financière, le bât saignait encore un tout petit peu. Grâce à ce job de téléphone rose, je me suis sorti une fichue épine du pied. Cela n’a pas été facile au début, mais j’ai tenu bon.
Comment se passaient vos séances de dials coquins ?
Comme toutes les autres, d’ailleurs, c’est sur le Net que j’ai trouvé l’annonce d’une société de téléphone rose. J’ai cliqué sur l’annonce, j’ai suivi les instructions, et j’ai commencé la semaine qui a suivi. J’ai par mail un texte coquin que j’étais invité à enregistrer et à renvoyer. J’ai eu un retour positif. Le mail disait que j’avais une belle voix et une façon assez sensuelle de parler, tout ce dont a besoin une hôtesse pour commencer.
Eh oui, tout s’est passé en ligne, personne ne m’a demandé de photo ou de vidéos de moi. Je n’aurais pas accepté d’ailleurs. J’étais un peu incrédule. Et si après un long mois de travail, je ne recevais pas mon salaire ? C’était un doute qui me travaillait. Mais ils m’ont fait comprendre que je n’avais pas de soucis à me faire. Un conseil : toutes les annonces ne sont pas vérifiées, il y a des arnaqueurs qui passent par ces annonces pour vous extorquer des sous.
Faites donc preuve de prudence. Ne donnez pas des informations personnelles sans être sûrs que cela sera sans danger pour vous. Les soirs à partir de 18 heures, j’étais libre. C’était donc mes horaires de travail. J’avais un numéro surtaxé à ma disposition, c’est sur ce numéro que je reçois les appels des clients. Je gagnais 0,40 € la minute et donc 12 € l’heure. C’était très rare pour moi d’avoir des clients avec qui je faisais une heure entière de dial.
Toutefois, la fréquence des appels, les hommages (pourboires) pouvaient me rapporter entre 300 et 500 euros le mois.
La rémunération des mois les plus fructueux dépasse parfois les 1000 €. Certains appelants ont plus besoin de conseils que de sexe. Et si vous vous y prenez bien pour ce travail de psychologue, vous pouvez recevoir de rondelettes sommes comme pourboires.
J’ai un petit bloc-notes où je marque, le jour de l’appel, le nom ou le pseudo de l’appelant et le temps de chaque appel. J’ai même ajouté un petit descriptif pour ceux qui m’ont marqué. C’est un peu maniaque, je sais, mais cela me permet de créer un certain lien avec mes clients. Comme cela je peux reprendre là où nous nous étions arrêtés ou savoir le genre de fantasme du client. Cela marche plutôt bien avec les clients réguliers.
Cela me permet aussi de calculer mon salaire. Une semaine où je n’avais reçu que quelques appels, j’avais été très tentée par l’envie d’envoyer des messages érotiques à certains clients. Mais bon… Je me suis retenu. Eh oui, il y a de ces moments où la force n’est pas avec vous.
Votre vie personnelle a-t-elle été impactée par votre travail d’hôtesse ?
Je ne répondrai ni par un « Oui » ni par un « Non ». J’ai eu à faire beaucoup de sacrifice. Décliner trop de soirées entre copines, faire des cachotteries… Le jour, j’étais une étudiante tout à fait normale, et les soirs, une assoiffée d’histoires de cul. Je vais avouer que cela transparaissait un peu dans mon vocabulaire. Je faisais parfois des remarques suggestives et des jeux de mots coquins.
Mes amis ont pris cela pour un goût prononcé d’humour salace. Je n’avais pas de foyer à gérer, pas de copain, c’était plutôt facile. J’étais seule dans mon studio, personne pour me juger ou pour m’empêcher de faire correctement mon travail. Si j’avais été près des parents, je crois que ça aurait été impossible d’exercer le métier d’animatrice de téléphone rose. Mes parents se sont, bien entendu, posé des questions sur ma soudaine indépendance financière.
J’ai répondu que j’enchaînais les petits travaux : garde d’animaux, nounous, et plein d’autres. Je n’étais pas prodigue donc, on ne remarquait pas vraiment trop de changement sur moi. J’amassais de l’argent, sans pour autant que cela soit criard.
Vous êtes nostalgique ? Vous recommenceriez si l’occasion se présentait ?
Bien sûr que non, je ne reprendrais pas le travail d’hôtesse soft. Je vous l’ai dit, je suis heureuse. J’ai un mari formidable, des enfants adorables. Ma famille a besoin de moi et le travail ne vous laisse pas assez de temps pour eux. Actuellement, nous ne manquons de rien, nous sommes plutôt à l’aise financièrement. J’ai un boulot en tant que bibliothécaire et mon mari est professeur d’université.
Il est ouvert d’esprit, je ne lui ai donc pas caché pour mon passé d’hôtesse de tel rose. J’avais d’ailleurs déjà arrêté avant que nous ne nous rencontrions. Parfois, je me remémore certains souvenirs qui me font marrer ou qui m’attristent. Ce travail est vraiment passionnant, mais il faut vraiment avoir la tête solide pour ne pas se laisser influencer. C’est drôle et lucratif. Quelques fois, j’aimerais avoir de leurs nouvelles. J’ai développé une sympathie pour eux.
C’est en 2014 que j’ai commencé ce travail, et j’ai continué pendant 4 ans. Je faisais l’effort de dormir dans la journée pour pouvoir rester éveillé les soirs. Quand Hypnos me faisait la cour pendant un dial, je pensais à l’argent que je gagnerai et mes paupières devenaient plus légères. S’il y en a qui ont tendance à croire, que ce sont les personnes paresseuses, qui ne veulent rien faire de leurs 10 doigts qui font ce travail, eh bien, ils ont faux.
L’argent seul ne vous permettra pas de tenir. Au bout d’un mois ou deux, vous vous lasserez. Mine de rien, ce n’est pas si facile que vous l’auriez cru. Je ne vous dirai pas la somme exacte, mais le pécule de ces 4 ans réunis en vaut vraiment la peine. C’était ma principale source de revenus. Et j’en ai usé, vous pouvez me croire. J’ai pu faire assez d’économies pour lancer d’autres affaires et peu moins obscures.
En somme, c’est plutôt une belle expérience…
Je n’irai pas jusque-là. Mais ce qui est certain vous aurez des choses à raconter. J’ai fait un travail de samaritain. Il faut avoir la tête bien fixée sur les épaules, si vous les envoyer trop dans les nuages, vous risquez de rapidement de tomber amoureuse de votre ou vos appelants. Ce serait vraiment embêtant, vous conviendrez. Le business du téléphone rose est aussi dangereux qu’amusant.
Bien que ces relations soient presque uniquement vocales, une chose dont vous vous rendez compte en parlant à ces hommes, est que certaines personnes n’ont pas besoin de la chaleur d’une cuisse ou de l’odeur de fraise des cheveux mouillés par un shampoing pour se sentir proches d’une femme. Tout ce dont ils ont besoin, c’est de votre ton apaisant, et ensemble, vous pourrez tout faire. Parfois, votre souffle suffit pour qu’ils se sentent à nouveau désirés.